« Votre rêve enfourché »

En revenant sur cette épreuve, certes partiellement, j’avais trois objectifs :

Le premier : Accompagner quatre Marmandais sur ce périple, il y a Alexandre Poser, Thierry Thomas, Jean-Claude Righini et Olivier Bernes, il se trouve qu’un autre Lot-et-garonnais est également présent dans le peloton en la personne de Luc Servaes (il nous rejoindra le dernier jour à Nice).

Le deuxième : revoir des hommes et des femmes  de l’organisation ainsi que des anciens participants avec qui des liens se sont créés au fil du temps.

Le troisième : je l’évoquerai plus tard.

Donc, cette belle aventure a commencé en 1979, il y a déjà 40 ans et c’est la 19ème édition qui vient d’être bouclée, un sacré bail…

Il s’en est passé durant toute cette période. Le cyclisme a évolué comme la société dont nous faisons tous partie. Au fil des ans, nous avons pris le départ de Paris, puis d’Orly, du cœur d’Eurodisney et depuis quelques années de Fontainebleau. Vous voyez nous sommes passés d’un lieu à un autre, et tout cela grâce à la bicyclette et à l’imagination d’André. En conséquence oui, la bicyclette pour les anglais et le vélocipède pour les français est probablement  un outil de médiation par excellence. Non parce qu’elle permet d’aller d’un lieu à un autre (au fait le parcours le plus court de Fontainebleau à Nice est de 868,65kms, en revanche le Comité d’organisation à l’esprit tortueux à trouver le moyen de vous faire faire 1481 kms soit + de 70% de détours). Je reprends je disais donc que pour les enfants ou grands enfants que vous êtes c’est un moyen de sortir de l’enfance. Etrange pouvoir qu’a cette machine de rendre possible deux mouvements inverses, deux métamorphoses opposées. C’est la magie qui joue alors, elle qui transmet toujours le plomb en or. L’or c’est dabord ce que l’on n’a pas, l’or fait rêver. Avec la bicyclette l’enfant rêve qu’il est ailleurs qu’il est quelqu’un d’autre, il entre dans un monde d’autonomie son monde de vélo. Rappelez-vous, le facteur de Jacques Tati est libre face à la loi de la Poste et du village et chaque jour est un jour de fête. L’adulte enfourche un rêve qui le dépasse quand il monte sur une bicyclette il devient différent, vous le savez-bien vous les afficionados de ce sport ingrat.

Cette épreuve c’est pour vous j’en suis certain une fabrique d’émotions fortes et identificatrices à un groupe. Vous accédez au bonheur et à la peine, à la souffrance et à la jouissance cela devient presque une forme de masochisme. En vous déplaçant d’étapes en étapes, en accédant à un nouveau lieu, en faisant de nouvelles rencontres, en imaginant vos propres exploits qui deviennent réalité, vous êtes dans l’épreuve, j’allais dire la course, que vous soyez devant ou derrière peu importe, votre corps vit et combat, il grimace et explose, bref vous sortez vainqueur, votre objectif est enfin atteint. Se mesurer à l’autre c’est bien, mais se mesurer à soi-même c’est pas mal aussi, c’est le connais-toi toi-même.

Nous avons probablement le don des nostalgies ! C’est de l’émotion douce-amère à volonté, de l’infini qui arrive en catimini, puis en trombe dès le mercredi matin 12 juin aux aurores. Il suffit maintenant si j’ose dire, de se laisser aller, de renverser le sablier, de remonter le temps. Durant ces 10 jours il y avait une petite musique, des joies, quelques fois des peines, chacun a joué sa propre partition, mais attention il y avait quelqu’un qui tenait la baguette…C’était du sommeil dérangé ou insuffisant, mais aussi des courts moments de vie qui se prolongent après l’étape autour d’un verre, d’un repas, d’une fantaisie.  Vous avez des provisions de souvenirs. Vous pourriez parler de mille choses. Mais avant tout c’est du vélo dont je vous parle, à ma manière pas toujours directe, à vous de décoder. J’ai trouvé du vélo passion, du vélo photographie, du vélo poésie, du vélo humour du vélo entre-aide, du vélo fou, du vélo tendresse, même du vélo service à toute heure. J’y reviens toujours, c’est votre enfance retrouvée, votre jouet.

Fontainebleau et sa cour des Adieux, non c’est un passage et un au revoir, vous y reviendrez. On ne dit jamais "Fontaine, je ne boirai plus de ton eau"...

Nevers et la botte secrète de Lagardère. Nevers et son patrimoine historique remarquable, je vous invite à y retourner au calme. Dans la famille Martinez, je demande le père Mario et les fils Manuel et Yannick tous d’excellents cyclistes.

Chalon-sur-Saône connu pour son festival de rue, en clair on n’a pas vu grand monde, nous n’étions pas à la bonne date probablement.

Villefranche-sur-Saône : être dans la capitale du Baujolais et impossible de goûter les nectars du coin en relisant le Petit Prince de Saint Exupéry natif de cette belle ville.

Aix-les-Bains : Etre enfin arrivé en un lieu où les choses sérieuses commencent pouvoir espérer profiter des joies qu’offre une ville thermale, mais vu les injonctions des gentils organisateurs pas le temps de profiter des bains, jacuzzis et autres plaisirs. Peut-être que certains se seront rattrapés en dégustant des diots et des crozets arrosés d’un chardonnay savoyard, promis on ne dira rien…

Saint-François-Longchamp : Une trilogie avec le massif de Belledone, le col de la Madeleine et le passage obligé du Tour de France. Il y a des pistes vertes, des bleues, des rouges et des noires, laquelle choisir ? Mais non voyons, ce ne sont pas des pistards ils sont routiers.

Valloire : Nous voici déjà en Maurienne, l’Italie est là toute proche. Le géant Galibier veille sur nous, la route a été ouverte le jour de votre départ le 12 juin, pas d’excuses il va falloir le franchir, Plan-Lachat, le tunnel, la neige et enfin le sommet.

Vars : Enfin les Hautes Alpes et le Queyras. Il paraît qu’Hannibal, sa troupe et ses éléphants auraient empruntés ce col naturel. Mais ne vous y trompez pas ce n’est qu’une théorie. Par ailleurs si vous estimez avoir ingurgité une trop grande quantité de cols qui n’étaient pas des faux, vous pourrez revenir ici afin de vous essayer au VTT de descente, vous pourrez atteindre des vitesses vertigineuses.

Allos : Non mais Allos quoi ?? Bon O.K. je sors. Il faut être Fous d’Allos pour venir ici, je me souviens qu’une année Charly Bérard nous avait rendu visite. On est bien ici dans les Alpes-de-Haute-Provence en région Provence-Alpes-Côte d'Azur. La Méditerranée commence à se faire sentir.

Auron : Certains se disaient : Aurons-nous le temps de nous rendre à Isola 2000 pour visionner le paysage de l’arrière-pays Niçois ? Pas évident, il fallait se contenter d’assister au festival de l’humour bien connu dans ce coin, mais mince les dates ne coïncidaient pas : résultat une simple récupération.

Nissa La bella : Parler de Nice, cette grande ville qui nous accueille pour le final n’est pas facile, il y aurait tellement de choses à évoquer. Juste pour vous dire que nous sommes ici sur ce que fût l’ancien château de Nice détruit par Louis XIV. Cyclisme toujours, je vais l’évoquer au travers de l'écrivain niçois Louis Nucera grand cycliste parti sur son vélo en roulant du côté de Carros. Sa ville, il ne l'oubliera jamais, ce qui fera dire à Yves Berger, directeur littéraire chez Grasset : "si chaque ville a une essence, Louis est celui qui a le mieux exprimé cette essence". Lui-même en parlait comme d'un "joyau" : "Ce pays s'est donné il y a cent trente ans à la France avec beaucoup d'amour, on ne cesse de le critiquer mais on ne cesse d'en entendre parler. Cette ville est un joyau qui suscite des jalousies ». Il était surnommé "maillot jaune des écrivains du Tour", il s'était illustré dans ce domaine avec, entre autres, une biographie du cycliste René Vietto  et un roman, "Mes rayons de soleil" qui reçut le Grand prix de littérature sportive.

Je vous livre ce poème de Jean Aycard :

« Nice trop petite naguère,

S’agrandit libre de tout mur,

Ni port marchand, ni port de guerre,

Toute blanche au bord de l’Azur »

 

Après ce rappel des 10 étapes, il convient de parler de vous toutes et tous.

Il me reste trois mercis à vous communiquer :

Contrairement à l’habitude, je vais commencer par une population en voie de disparition : les bénévoles. Voyez-vous, la clef essentielle de la réussite d’une telle manifestation, c’est bien évidemment l’engagement bénévole de tous ceux qui vous ont accompagné. Vous tous ici présents, vous avez démontré une fois encore qu’un club pouvait relever seul le challenge d’accueillir 200 personnes sur une durée de 12 jours. Prouesse qui n’est pas rien vue l’hétérogénéité de notre groupe. Vous vous êtes mobilisés les uns et les autres, afin de montrer le visage d’un club accueillant et où la bonne humeur s’affiche tout naturellement. Bien évidemment, tout le monde n’a pas donné le même effort, la même énergie peut-être, le même temps aussi. Qu’importe, car là n’est pas l’essentiel. L’essentiel est que chacun ait pu donner selon ses compétences, sa disponibilité et ses moyens. Car au-delà du résultat hautement positif de cette manifestation réussie, je souhaite surtout retenir et saluer, le travail que chacun a donné et le formidable esprit qui a prévalu au sein de notre communauté pédalante. Cet esprit uni et bon enfant, il nous faut non seulement le conserver, le préserver, mais également le cultiver et le chérir. Aujourd’hui lorsqu’on remet les récompenses, je pense pouvoir vous assurer qu’il y a comme un petit pincement… ce genre de pincement que l’on ressent là.... quand une belle fête se termine alors que l’on voudrait qu’elle dure encore.

Deuxièmement : Félicitation aussi aux acteurs à vélo, vous mesdames, vous messieurs, néophytes ou anciens peu importe, vous vous êtes fait plaisir, vous nous avez fait plaisir, là est l’essentiel.

Troisièmement : un merci particulier pour le Maître d’œuvre, si vous préférez le chef d’orchestre, notre ami André. Une fois de plus il a transformé l’essai, les années passent, la foi est toujours présente pourvu que cela dure encore quelques années. Je me dois d’associer Danielle son épouse qui le supporte dans ses pérégrinations cyclistes. Bravo à tous les deux, bravo à vous tous.

Au tout début, j’évoquais le fait que j’avais 3 objectifs pour venir vous rejoindre, j’ai évoqué les deux premiers, permettez-moi d’évoquer le 3ème même s’il est un peu personnel. Je suis ici avec vous aussi pour rendre hommage sous une forme toute simple à notre pote Bernard Rover qui était parmi vous il y a deux ans. Il se faisait une joie de participer à cette épreuve, il l’a fait, il était heureux, et puis dans le train du retour le samedi 24 juin 2017, il est parti tout là-haut rejoindre ses idoles, mort de sa passion, pratiquement dans les bras de Thierry et Alexandre. Nous avons assisté à sa sépulture et je peux vous garantir que c’est très rare, 3 personnes du Comité d’organisation : André, Sylvain et Bernard sont venus chez lui à Marmande pour lui rendre un dernier hommage. Nous saluons Danielle, son épouse, et ses deux enfants, au revoir champion tu es toujours avec nous.

A ben vitou Nissa,

 Jean-Marc ROUXEL



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